Cécile Harmonie Otoidobiga, un parcours au service de la dépollution
(Burkina Faso)
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La Docteure Cécile Harmonie Otoidobiga a toujours voulu être biologiste. Elle a eu pour modèle dans ce domaine son père, technicien dans un des laboratoires de l’Institut de l’Environnement et de Recherche Agricole à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso où elle a grandi. « Pour moi, plonger mon regard dans le microscope, c’était comme partir en exploration ! »
Son père, s’il a fini par la soutenir, était au départ hésitant face à cette perspective de carrière pour sa fille, conscient des difficultés existantes pour les femmes scientifiques en Afrique. « Bien sûr que c’est compliqué pour une femme, surtout quand, comme moi pendant mon doctorat, il me fallait passer du temps dans les champs, loin de ma famille, à prélever des échantillons. Mais cela ne m’a pas empêché d’aller jusqu’au bout. » Entre le début de son doctorat en 2013 et la fin de sa thèse, soutenue en 2017,Cécile Harmonie Otoidobiga s’est mariée et a eu deux enfants, aujourd’hui âgés de 4 ans et 2 ans.
Pour ses recherches, qu’elle mène depuis plus de huit ans au sein du Laboratoire de microbiologie et biotechnologie microbienne de l’Université Joseph Ki-Zerbo, à Ouagadougou, elle a choisi de s’intéresser à « l’impact des bactéries réductrices de fer et sulfato-réductrices sur la productivité du riz des fonds de vallée, soumise au drainage de sub-surface ». Il existe trois modes de production du riz, deuxième céréale la plus consommée au monde après le maïs : le riz de bas-fond, le riz pluvial et le riz irrigué. « Avec le stress hydrique que nous connaissons dans les pays sahéliens, c’est bien sûr dans les bas-fonds que nous cultivons plus volontiers notre riz. Or, en Afrique de l’Ouest, environ 55 % de la superficie des rizières est affectée par la toxicité ferreuse, ce qui contribue fortement à la réduction de la productivité du riz, avec 40 à 100 % de perte de rendement. »
Aujourd’hui, Dr Cécile Harmonie Otoidobiga veut concrétiser sur le terrain les résultats obtenus en laboratoire. « Si nous décrochons les financements adéquats, nous pourrons tester d’autres variétés avec une meilleure productivité. » Son rêve est de devenir professeure titulaire en biochimie et microbiologie afin de continuer à porter le flambeau de la science auprès des jeunes filles. « Le Burkina Faso est un pays encore très rural. Outre la lutte contre la déscolarisation dès le plus jeune âge et les facteurs culturels – mariage précoce entre autres – qui entravent la scolarisation des filles, il faut aussi les aider à avoir confiance en leurs capacités intellectuelles et les encadrer tout au long de leur scolarité. C’est comme cela que nous arriverons à faire évoluer les mentalités et produirons de nombreuses femmes scientifiques et leaders. »