[vc_row][vc_column width= »2/3″][vc_column_text]Sur la route d’Anoumabo
Il faut passer sous le pont du HKB, le regard effleure une œuvre en métal, intitulée Jeunesse. À ses pieds quelques personnes, des gens qui attendent le bus, des piétons fatigués aussi
On voit cela en vitesse pas le temps de prendre une photo, jamais de ralentissement à cet endroit.
Ensuite on sort à l’air libre, on longe l’autoroute urbaine par la droite, voie unique, ça klaxonne parfois derrière pas assez vite toujours plus vite pour aller où ? La précarité, l’éphémère de notre planète n’effleure pas encore les esprits…on roule un certain temps un long moment et puis, habitué à ce rail unique, on se trouve tout à coup sur une voie à deux sens. Éviter la circulation qui déborde déjà. À droite des boutiques, jeans, baskets, tee-shirts, chemises, sacs…. Les piétons passent, les vendeurs nettoient leur marchandise, la pollution ça décolore…yako
On voit déjà le nœud de voitures juste avant le pont. On force le passage, on passe, ça frôle les carrosseries. On arrive dessus.
C’est un petit pont pour un petit bras de lagune.
L’eau et les détritus forment un magma d’où les maisons émergent, des détritus y restent collés, socle magmatique. L’eau ne bouge plus depuis longtemps, plombée par la pollution
Au retour on voit les essais pour nettoyer ce bras d’eau. Une dragueuse est à moitié immergée, à moitié avalée par l’eau polluée elle s’accroche encore aux berges affaissées, le naufrage est en cours.
On continue, on rentre vraiment dans Anoumabo. C’est un des quartiers d’Abidjan, pauvre. Pas assez pauvre toutefois puisque la plupart des pauvres vont habiter à Gonzague ville, loin, toujours plus loin pour des loyers moins chers. On continue sur une chaussée abîmée. Parfois on est tenté de rouler plus longtemps sur ce bitume on en profite on fait des détours avant de se raisonner de se résoudre à s’enfoncer dans les pistes défoncées. À la saison des pluies, les trous se remplissent, deviennent des mares improbables, les poules et les chiens viennent s’y abreuver. On hésite à les déranger.
La voiture brinquebale on a le temps de voir, petits commerces de rue, écoles privées dégorgeant d’enfants en uniforme, murs à moitié détruits, graines séchant sur de grands plateaux à ras du sol, dans l’air pollué ; l’autoroute urbaine n’est pas loin…
Les voitures éclaboussent les bas-côtés, graines comprises, les hommes pissent contre le mur derrière, malgré des phrases d’interdit
Défense de pisser ici
Celui qui pisse là est un mouton
Si tu es bête, pisse là …
Ça pisse quand même
Nicole Ferrer-Giniès.[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_widget_sidebar sidebar_id= »blog-widget-area »][/vc_column][/vc_row]